Sherbrooke ville bleue
Évelyne Beaudin, candidate à la mairie de Sherbrooke, souhaite agir concrètement pour améliorer la qualité de l’eau de nos rivières et diminuer les risques d’inondations. Pour ce faire, elle souhaite mettre en place une meilleure gestion de l’eau de pluie dans les nouvelles rues et les stationnements. Mme Beaudin a insisté à nouveau sur l’urgence de se doter d’un plan d’entretien de nos actifs et de diversifier nos revenus pour réussir à financer ce plan sans exercer une pression supplémentaire sur le compte de taxes des Sherbrookois et Sherbrookoises. Sophie Payeur, candidate dans le district du Lac-Magog et détentrice d’une maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke, était également présente lors de l’annonce.
Mme Beaudin a débuté en expliquant le phénomène d’imperméabilisation des sols auquel font face toutes les grandes villes. « Il n’y a pas si longtemps, le territoire de la Ville de Sherbrooke était occupé par une forêt. Lorsqu’il pleuvait, le sol agissait comme une éponge et l’eau était tranquillement filtrée vers la nappe phréatique et vers les rivières. Avec la construction de notre ville, il s’est produit un phénomène d’imperméabilisation des sols. Une partie de la pluie tombe sur les toits, sur les stationnements et sur les rues plutôt qu’être absorbée par le sol. Cette eau ruisselle rapidement vers les égouts et vers les rivières. C’est pourquoi, lors de pluies abondantes, nous vivons des inondations. »
La candidate Évelyne Beaudin explique que la tâche est titanesque et souhaite instaurer une stratégie à court et à long terme pour mieux cibler les actions. « Le problème majeur est la présence sur le territoire de 180 km d’égout unitaire. Un réseau d’égout unitaire, ce sont des conduites où l’eau de pluie vient s’ajouter aux eaux usées rejetées par les maisons. Comme le réseau a une capacité maximale, lorsqu’il pleut un peu trop, ça fait que toute cette eau non traitée est rejetée directement dans nos rivières. Selon les derniers chiffres de la Fondation Rivières, on dénombrait 426 heures de débordements en 2017 et 1802 heures en 2020. »
« La solution? Séparer les égouts en deux conduites : une pour les eaux usées qui sont dirigées vers les usines d’épuration, et une pour l’eau de pluie qui peut aller dans la rivière. Le défi est que c’est très coûteux et que ça prendra beaucoup de temps. Depuis 2013, on a séparé 12,5 km d’égouts unitaires pour une somme de 10 millions de dollars. Ça donne une idée de l’ampleur des investissements nécessaires et du temps que ça prendra pour régler le problème au rythme actuel : on parle d’investissements de l’ordre de 150 millions. Notons que 19 km du réseau unitaire sont situés dans le bassin versant de la rivière Magog et 161 km dans le bassin versant de la rivière Saint-François. C’est pourquoi il est prévu de construire 5 bassins de rétention en bordure de la Saint-François, pour des coûts de l’ordre de 50 millions. Actuellement, la Ville de Sherbrooke n’arrive qu’à mettre 62 % des sommes nécessaires dans les aqueducs et égouts, sans compter les investissements majeurs qui seront bientôt nécessaires pour mettre à niveau nos stations d’épuration. Selon la vérificatrice générale, de 2014 à 2018, on a investi 2,1 M$ dans nos infrastructures de gestion des eaux alors que les besoins étaient plutôt de l’ordre de 28 M$, soit 10 fois plus. J’espère que tout le monde réalise que ce n’est pas le 7 millions annuel de Bitfarms qui viendra sauver la situation. Nous sommes les seuls à proposer l’instauration de redevances de développement qui permettront de mieux financer ces travaux à long terme. Plus nous attendons avant d’agir, plus il sera difficile de surmonter le défi de la qualité de l’eau de nos rivières. Dès maintenant, il faut planifier à long terme et poser des gestes significatifs. »
Sophie Payeur ajoute qu’il faut également agir en amont, dès la conception des infrastructures, pour augmenter la perméabilité du sol et ralentir la fréquence des épisodes de débordements. « Pour caricaturer, je dirais qu’il faut cesser de faire pousser du béton partout en ville et surtout, cesser de couper des arbres. Verdir une ville, ça n’est pas juste pour faire joli : cela permet de diminuer les îlots de chaleur – on peut compter jusqu’à 12 degrés celsius de différence entre un lieu végétalisé et un lieu sans arbre. Oui, cela est bon pour la santé physique et mentale des citoyens et des citoyennes, mais ça permet aussi d’absorber l’eau de pluie de façon naturelle. Je pense à des saillies de trottoirs végétalisées, des stationnements alvéolés, qui sont végétalisés et pourvus de structures de rétention d’eau etc. Plusieurs petits gestes locaux vont aider de façon globale. »
« La Ville doit donner l’exemple et repenser sa gouvernance pour faire en sorte que les services d’arboriculture et des égouts se parlent pour intégrer de nouvelles façons de penser, de travailler, mettre en place et doit également intégrer de nouvelles normes d’urbanisme pour diminuer l’imperméabilisation des sols », a conclu Mme Beaudin.