16 juin 2021

Qualité de l’air à Sherbrooke : ni bonne, ni mauvaise

La façon la plus simple de connaître l’état de la qualité de l’air à Sherbrooke et en Estrie est d’aller sur la page web d’InfoAir du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec (MELCC) qui publie d’heure en heure sur une carte du Québec un indice de la qualité de l’air (IQA). L’IQA évalue si l’air ambiant est « bon », « acceptable » ou « mauvais » suivant la mesure dans l’air des particules fines (PM2.5) et de l’ozone (O3) par rapport à une valeur de référence pour la santé déterminée par le MELCC. D’autres contaminants peuvent être mesurés par ces stations, mais les particules fines et l’ozone sont les constituants majeurs du smog et les contaminants les plus présents dans l’air à l’échelle du pays.

Les particules fines sont majoritairement émises par le chauffage au bois (43,8 % des émissions), par les industries (39,1 %) et par le transport (16 %). Elles ont la capacité de pénétrer profondément dans les poumons et ainsi affecter les fonctions respiratoires. La formation de l’ozone est quant à elle majoritairement imputable au transport routier. C’est un gaz irritant qui se diffuse dans la circulation sanguine quand on le respire. Ainsi, les personnes présentant des problèmes respiratoires ainsi que les personnes âgées et les enfants sont parmi les plus sensibles et vulnérables à la présence d’ozone et de PM2.5 dans l’air.

On respire mieux en Estrie qu’à Sherbrooke

À Sherbrooke, les PM2.5, l’O3 et l’indice de la qualité de l’air sont mesurés depuis 2004 à la station de mesure du parc Adrien-Cambron dans l’est de la ville. Une station située à La Patrie donne la qualité de l’air pour la région de l’Estrie. L’analyse de l’IQA montre que la qualité de l’air à Sherbrooke est globalement moins bonne que celle observée en Estrie. En effet, en moyenne dans une année (entre 2004 et 2018), l’indice de la qualité de l’air à Sherbrooke n’est bon que pour 46,5 % des jours de l’année, contre 54,3 % en Estrie. Ainsi, la ville de Sherbrooke accuse un déficit de 14 % de jours de qualité de l’air « bon » avec le reste de la région de l’Estrie. Le nombre de jours où l’IQA est mauvais est cependant faible à Sherbrooke (3,2 % de jours de l’année en moyenne) ainsi qu’en Estrie (1,4 %).

Quand on se compare, on se console

Du fait de son caractère urbain, on peut trouver normal que la qualité de l’air soit plus faible à Sherbrooke que dans le reste de l’Estrie. Mais lorsque l’on compare le pourcentage de jours avec un IQA « bon » mesuré à Sherbrooke (46,5 %) avec d’autres villes au Québec, on s’aperçoit que la qualité de l’air à Sherbrooke est seulement moyenne. En effet, elle est inférieure à celle mesurée à Gatineau (55,4 % de jours dans l’année avec un IQA « bon ») et Saguenay (63,1 %) et similaire à celle mesurée à Trois-Rivières (45,5 %) voire à Québec (41,4 %). 

On se console un peu avec très peu de jours à Sherbrooke où l’indice de la qualité de l’air est « mauvais » (3,2 % de jours de l’année en moyenne) même si la ville de Gatineau (2,2 %) et de Saguenay (2,5 %) ont là aussi une qualité de l’air plus enviable. Mais les villes de Québec (6,5 %) et de Trois-Rivières (6,5 %) subissent deux fois plus de jours avec un IQA « mauvais » alors que le nombre de jours d’IQA « bon » est similaire avec celui de Sherbrooke. Ainsi, le prix de consolation de respirer l’air de Sherbrooke est de faire partie des villes d’importance au Québec ayant le plus faible nombre de jours avec une qualité de l’air « mauvaise ». Mais en moyenne à Sherbrooke, l’indice de la qualité de l’air est en majorité seulement « acceptable » (50,3 % des jours de l’année en moyenne) plutôt que « bon » (46,5 % des jours de l’année en moyenne).

Des idées pour mieux respirer

Un indice de la qualité de l’air « mauvais » signifie que les concentrations dans l’air de particules fines et/ou d’ozone sont supérieures aux seuils de recommandation de la santé publique du Québec. De tels évènements sont relativement rares à Sherbrooke (3,2 % des jours dans l’année), mais la règlementation au Québec des concentrations d’ozone dans l’air est plus permissive que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Ainsi, certains épisodes avec des concentrations en O3 considérées dangereuses par l’OMS peuvent passer sous le radar de l’indice de la qualité de l’air du MELCC du Québec.

Les épisodes de qualité de l’air « mauvais » sont majoritairement imputables aux pics saisonniers de particules fines en hiver, principalement à cause du chauffage résidentiel, et aux pics d’ozone en été, majoritairement liés au transport. Dans ces deux cas, la qualité de l’air représente de vrais enjeux de santé, en particulier pour les enfants, les personnes âgées et les personnes atteintes de troubles respiratoires et cardiovasculaires. Il est donc essentiel que la Ville de Sherbrooke mobilise tous ses moyens de communication (panneaux d’affichage, site web, communiqués de presse) pour indiquer à la population comment diminuer les émissions et se prémunir de ces contaminations de l’air qui atteignent des seuils dangereux.

Le Règlement sur les appareils de chauffage au bois du Québec en vigueur à Sherbrooke ne s’applique qu’au matériel de chauffage neuf et n’impose pas de contraintes d’émissions pour celui installé dans les logements avant 2009. Pour limiter les épisodes de smog liés au particules fines, la Ville de Montréal a décidé d’encadrer plus sévèrement les appareils de chauffage en limitant leur émission à 2,5 g/h quel que soit l’âge de l’installation, contre 4,5 g/h pour les appareils après 2009 à Sherbrooke. 

Pour limiter les pics d’ozone liés au transport des mesures, comme cela existe déjà en Europe, avec une gradation croissante en fonction des concentrations d’ozone mesurées ou attendues du fait des conditions météorologiques peuvent être prises, en particulier : diminution de la vitesse de circulation des automobiles en ville, promotion du transport en commun par des tarifs réduits ou augmentation de l’achalandage, diminution du nombre d’automobiles par l’interdiction de circuler pour certains véhicules (poids lourds ou véhicules individuels suivant leurs valeurs d’émission).

L’analyse des concentrations dans l’air des PM2.5 et de l’O3 depuis le début des années 1990 montre que leur réduction à l’échelle du pays a été possible grâce à une législation contraignante sur l’industrie et les transports. Et les dangers pour la santé des PM2.5 et de l’ozone sont bien réels et bien référencés par les organismes de recherche en santé. La Ville de Sherbrooke dispose de moyens législatifs pour prendre sa part à l’assainissement de l’air que l’on respire ici.


Pour lire le rapport complet


Pour aller plus loin

Bisson et Busque. La qualité de l’air à Québec de 1994 à 2008. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. (2010)
http://www.environnement.gouv.qc.ca/air/ambiant/rapport1994-2008.pdf

Données statistiques de l’indice de la qualité de l’air (IQA)
http://www.environnement.gouv.qc.ca/air/iqa/statistiques/index.htm

Données statistiques des concentrations de PM2.5 et de O3 à Sherbrooke
http://www.environnement.gouv.qc.ca/air/reseau-surveillance/graphiques.asp

Lebel et al. Bilan de la qualité de l’air au Québec en lien avec la santé, 1975-2009. Institut national de santé publique du Québec. (2012) 
https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/1432_BilanQualiteAirQcLienSante1975-2009.pdf

Paradis et al. Inventaire des émissions des principaux contaminants atmosphériques au Québec en 2008 et évolution depuis 1990. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. (2011)
http://www.environnement.gouv.qc.ca/air/inventaire/rapport2008.pdf

Règlement sur l’assainissement de l’air
http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cr/Q-2,%20r.%204.1

Santé et qualité de l’air. Organisation mondiale de la Santé. (2008). Mise à jour 2018 : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/ambient-(outdoor)-air-quality-and-health

Service InfoAir
http://www.environnement.gouv.qc.ca/air/reseau-surveillance/info-air.htm

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